Bélouve - Plaine des Lianes
02
juil.
2006
Voici donc le récit du lendemain de cette balade-là. J'en rêvais : on allait se frotter à la verdure, se vautrer dedans. En l'occurence, ce jour-là, je me suis beaucoup vautrée tout court. Cependant, la journée avait bien commencé par un joli levé de soleil. |
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Quant à nous, on s'était levé vers les 6h00 du matin et à 7h00 passé de peu, on était sur le pont, prêts en à en découdre. |
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J'aurai du regarder les panneaux d'un peu plus près : 11h qui'il dit le panneau. "Oui, mais c'est jusqu'à Bras Panon", ai-je entendu dans la journée, et nous on s'arrêtait à la cascade aux Lions. C'était censé me rassurer. |
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La forêt de Bébour est toujours un enchantement, avec ses fougères arborescentes et sa végétation luxuriante. |
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Partie à la suite des premiers, je suis vite rattrapée par quelques amis. A l'approche d'un pont je lance "attendez, attendez", en me précipitant. "Mais t'es pas si lourde que ça", que je m'entends répondre ! Faut dire qu'à la Réunion, sur les chemins de randonnée, il y a parfois des ponts qu'on ne franchit qu'un à un. Mais là ce n'était pas le cas. Je voulais juste prendre une photo :-) |
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Les voilà devant maintenant. Ils ne sont pas les derniers, et j'ai ce matin-là le déclic qui me démange. |
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Et voilà où tout commence : cela fait déjà deux heures que nous marchons. J'ai déjà trouvé le moyen de glisser sur un des pontons en bois. La forêt est humide. |
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Nous finissons par déboucher dans cette grande ravine que nous remontons un peu avant de bifurquer sur la gauche. |
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Et là, on rentre dans un endroit magnifique : sous une voute de verdure, cheminant au travers de rochers moussus. Il faut être très vigilants, car ça glisse beaucoup par endroit, et on a vraiment l'impression d'être sur une autre planète. Une planète verte. Il ne faut surtout pas louper la bifurcation plus loin sur la droite. Et comme elle est signalée par un ruban de platisque rouge et blanc tendu en travers de la ravine, c'est chose facile finalement. Et c'est là pour moi que les ennuis commencent. On est au pied du rempart. Une demi-heure de grimpette dit le guide papier. Il est 10h10. |
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La grimpette est du genre acrobatique. Mais autant ce que j'avais trouvé sur le chemin du Dimitile m'avait amusée, autant là, j'ai pas aimé le voyage que j'ai trouvé carrément dangereux. Les à-pics sont moins dérangeants quand le sol n'est pas glissant. Là non seulement, mieux vaut ne pas louper son coup, mais en plus on a parfois l'impression de prendre appui sur de la savonette. Bon, j'ajouterai pour bémoliser la chose, que je suis plus ou moins grippée depuis deux semaines, je respire donc mal et ça n'aide sans doute pas à être sûre de soi. Je commence à me dire que tout ceci n'est pas raisonnable. Ca ressemble à tout sauf à un chemin ce truc. On se sert autant des mains que des pieds. On ne marche plus, on escalade, on se hisse. Bref, on fait ce qu'on peut. |
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Pour la première fois depuis que je marche à la Réunion, je me fais vraiment peur. J'avais déjà passé des endroits qui ne m'avaient pas spécialement plus. Mais il s'agissait juste d'un ou deux passages délicats. Dans cette pente, il n'y a QUE des passages délicats. Du coup, je crispe, et je me fais mal aux jambes. Nous avons plusieurs échelles à franchir (4 en tout). Et c'est parfois flippant. Là je suis en train de me demander comment sortir (je suis en haut d'une des échelles, la troisième). Comme vous pouvez le constater, il y a de la végétation partout. On baigne quasi-dedans. |
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J'arriverai trop tard pour voir le point de vue sur le Trou de Fer, à trois quart d'heure de marche à partir du sommet. Je devrais me contenter de celui-là. |
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Ce n'est donc pas en une demi-heure que j'arrive au sommet, mais en une heure et demie ! Je suis KO, et c'est là tout le problème : on n'est pas arrivé. Je prends le temps de manger une pomme et il faut y retourner. Je suis en terrain inconnu : nous marchons sur la "voune". |
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Le voune est un enchevêtrement de racines qui forme un tapis. Ce tapis peut se trouver très au dessus du sol. Ce sera notre chemin pour un bon moment. La sensation est vraiment bizarre : c'est très élastique. Seulement voilà, la voune est un tissage qui a des trous, et j'ai réussi à passer 3 fois ma jambe droite au travers, jusqu'en haut de la cuisse à chaque fois et j'ai jamais touché le sol en dessous. Ca surprend je vous assure. Du coup, pas rassurée l'Annie, elle a mis le frein à main. Et quand on est fatigué, il est dur de maintenir l'attention suffisante pour marcher dans ce merdier. Et dès que l'attention baisse, on se retrouve par terre. J'ai beaucoup manqué d'attention lors de cette randonnée, à tel point qu'on ne m'a pas laissé longtemps mon sac sur les épaules. Il y a des gens dévoués dans ce club. Mais c'est toujours la honte de filer son sac. Ca veut dire qu'on n'aurait pas du être-là, qu'on n'a pas le niveau. Et ce jour-là, particulièrement, j'aurai du savoir qu'avec mon rhume, ça ne pouvait pas être la grande forme : même sans sac, je ne tenais pas debout. Le problème de ce chemin pour ceux qui comme moi avaient les jambes fatiguées, c'est qu'à aucun moment, on ne peut se reposer : ça descent, sans cesse et c'est bien glissant. Ce n'est que vers 15h00 que ça s'arrange un peu, après avoir passé les restes d'un ancien bivouac : il y a des tronçons plus sec, moins chaotiques. Ca fait du bien de relâcher un peu. Mais dès qu'approche une ravine, c'est la cata : on s'accroche aux branches pour ne pas glisser. C'est au bord de la rivière que le club a choisi de s'arrêter. Il faut la traverser en mettant les pieds dans l'eau. Pas trop moyen de faire autrement. Il est 16h00. Je ne sais pas quand sont arrivés les premiers. C'est le seul endroit où il a été possible de faire un feu pour réchauffer les côtes de porc précuites la veille. Moi j'ai plus faim et surtout je suis KO. Je désespère car en plus je sais qu'on est encore à plus d'une heure du bus. A 16h30 ou 16h45, je ne sais plus, on repart. On a plusieurs bras de rivière à traverser. La marche est bien plus facile qu'avant. Heureusement. Soulagée de mon sac, j'accélère et rattrape un groupe devant. Je veux en faire le plus possible avant la nuit. C'est qu'elle tombe de bonne heure en ce moment (jour le plus court en hémisphère Australe : 21 juin). Tout le monde veut arriver avant la nuit, car on a un grand bras de rivière à traverser à la fin. Ca peut être profond et mieux vaut voir où on met les pieds. Nous arriverons à cette rivière groupés dans une lumière qui a déjà bien décliné. Mon sac quant à lui est déjà arrivé au bus avec un des randonneurs de devant venu le chercher. Nous arrivons au bus à la nuit noire, mais soulagés que ce soit enfin terminé. Moi je sais une chose : c'est que cette balade, aussi jolie et dépaysante soit-elle, je ne la referai plus à moins d'être dans une forme excellente, ce qui n'était assurément pas le cas cette année. |
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